Un des charmes de la langue française est l'abondance de formules de politesses disponibles. L'attention prêtée à un courrier sera différente selon qu'il commence par un anonyme "Monsieur" ou par un chaleureux "Chère Madame".
Poli dès la première ligne
Un dicton affirme qu'il n'y a qu'une seule chance de faire une première bonne impression, une lettre ne dérogeant pas à ce principe.
Cependant, il n'est pas nécessaire de trop en faire, la présence d'un simple "Monsieur" ou "Madame" est suffisante. On peut aussi mentionner le titre de l'interlocuteur lorsque le courrier est destiné à une entreprise ou à une administration.
"Monsieur le Directeur" signifie alors que le courrier est destiné à la personne en tant qu'occupante d'une fonction, et non à titre personnel. D'ailleurs, dans bien des cas, on ignore le patronyme du destinataire de la missive.
À chacun son apostrophe
Cela peut marquer de la déférence aussi, par exemple lorsqu'une personne conserve à vie le titre d'une fonction qu'elle n'occupe plus. Ainsi écrit-on "Monsieur le Ministre" à tout ancien titulaire d'un maroquin. Pour tout vous dire, je n'ai jamais écrit à un ministre, qu'il soit en activité ou à la retraite. Peut-être devrais-je le regretter, mais je ne connais même pas le moindre maire ou député.
Notons enfin que les membres d'une confrérie peuvent se donner épistolairement du "Cher Ami", quand bien même ils ne sont jamais rencontrés. Les médecins en particulier sont friands de cette apostrophe. Les avocats préfèrent s'envoyer du "Cher Maître", se prenant pour le corbeau sur son arbre perché. Ou, plus probablement, pour le renard.
Terminer un courrier
Un courrier doit être achevé aussi bien qu'il a été commencé. Cela semble évident s'il a pour but de demander un service ou d'obtenir une faveur, mais la politesse française exige que tout écrit comporte une de ces courtoises formules.
Plusieurs formes peuvent être adoptées. La traditionnelle formule de politesse terminant le courrier peut relever du simple usage comme "veuillez recevoir, Monsieur, l'expression de mes meilleurs sentiments" ou "je vous prie de bien vouloir agréer, Madame, mes salutations distinguées".
Elle peut aussi marquer de la distance en évoquant de la "considération", de la sympathie en usant du "cordial", ou flatter un peu avec du "respect".
Les variantes sont infinies, mais par contre, l'absence de formule de politesse étant à la limite de l'insulte, l'omission de ces quelques mots doit être évitée, même pour écrire à notre pire ennemi.
Formule de politesse pour un email
Les usages en vigueur dans les courriers électroniques, joliment appelés courriels, sont plus simples. "Bonjour" peut suffire pour commencer l'échange, et "cordialement" pour le terminer.
Rien n'empêche d'insister avec un "bien cordialement", ou d'introduire de la révérence avec "cordialement et respectueusement", ou d'utiliser des formules plus personnelles et imaginatives.
Il y a aussi des impolis
On peut parfois se tromper et utiliser une formule à mauvais escient, mais cela n'a que rarement de l'importance. Je suis très tolérant par rapport aux courriers que je reçois. En fait, une seule forme de correspondance m'insupporte, celle qui ne comprend aucune formule courtoise, ni au début, ni à la fin.
Exceptionnelles par courrier postal, ces missives impolies ne sont hélas pas si rares lorsque la correspondance prend la forme d'un email. J'avoue ne pas toujours y répondre, ou alors ironiquement par un courrier dégoulinant de politesse et de flatterie.